Mort de Nazir Masih au Pakistan
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Nazir Masih, un chrétien de 63 ans connu dans la région sous le nom de Lazare, est décédé après avoir été attaqué par une foule d’extrémistes à Sardogha, dans la province de Pendjab. Sa famille et l’Église locale sont en danger.
Nazir Masih est mort de ses blessures à Sargodha (Pendjab, Nord-Est du Pakistan), lundi 3 juin. Dix jours plus tôt, Nazir avait été attaqué avec sa famille, par une foule d’extrémistes qui l’accusaient à tort d’avoir déshonoré l’islam. C’est sous haute sécurité que les chrétiens locaux ont enterré Nazir lundi. Sa famille et la communauté chrétienne comptent sur nos prières. Car si la police est fortement présente dans la région, la situation reste tendue.
Nouvelles émeutes au Pendjab
Nazir était devenu sujet de haine des extrémistes qui le considéraient comme une menace: la réussite de son commerce lui permettait d’employer d’autres chrétiens. Or, les tensions contre les chrétiens en général couvaient déjà depuis la fin du ramadan à Sargodha.
Elles ont éclaté le samedi 25 mai contre Nazir. Selon des sources vérifiées, des fragments brûlés du Coran avaient été utilisés pour le piéger et l’accuser faussement. Une foule en colère s’est alors ruée sur Nazir et les siens. Sa famille est parvenue à s’échapper avec l’aide de la police, mais Nazir est resté prisonnier de la foule. Il a été brutalement frappé et lapidé, puis laissé pour mort.
La maison où vivaient Nazir et les siens a été entièrement détruite. Les assaillants ont aussi détruit le commerce de chaussures qu’il exploitait avec son fils et le salon de coiffure de sa belle-fille. Des images de ces scènes de violence ont inondé internet…
Fausses accusations, vrais prétextes
Cette attaque est la dernière en date contre la communauté chrétienne au Pakistan. Mais elle fait écho aux attaques antichrétiennes du 16 août 2023. Comme l’an dernier à Jaranwala, des extrémistes islamiques ont brandi le prétexte du blasphème pour s’en prendre à la communauté chrétienne.
Thomas Muller, analyste de Portes Ouvertes, explique: «Malheureusement, la réaction de la foule à une accusation de blasphème n’est pas surprenante. Si la police tente de réprimer les émeutes, elle n’y parvient pas toujours.» Il déplore:
«Sargodha est l’un des points chauds du pays. Ce qui est encore plus inquiétant, et encourage les auteurs de ces actes, c’est qu’ils n’ont pas à en subir les conséquences.»
En ces temps de deuil et de tensions exacerbées contre l’Église, prions pour la communauté chrétienne du Pendjab et pour la famille de Nazir.